Lieux et non-lieu, la carte et le Territoire

 

Belllum Fortum


Le Chevalier, la Mort et le Diable (Albrecht Dürer, gravure sur cuivre, 1513)

Dans une sombre forêt, par un chemin encaissé menant vers une citadelle haut-perchée, un cavalier solitaire chevauche accompagné de son chien. Imperturbable, le dos droit, ignorant le Diable et la Mort qui tente de lui barrer le chemin, il va sans frémir où le mène son destin.

Sa lance, que croise une longue épée, dessine un angle de 108 degrés, l’angle magique du pent   agone que vient recroiser la hampe du grappin que brandit le Diable.

1513, peut-on lire sur une tablette, elle-même orientée pour former à nouveau le même angle de 108°. Le tout dessinant un pentagone que l’on perçoit sans l’apercevoir.

Le hasard a parfois d’étrange desseins : hasard objectif, nous dirait André Breton. Hasard directeur lui répond l’artiste. D’autant plus que 15 est l’arcane du Diable, et 13 celui de la Mort.

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Si l’on ajoute à cela que ce pentagone, invisible mais présent, se superpose au tracé pentagonal de Vauban, cela commence à prendre du sens. Si ensuite on prolonge les côtés du pentagone afin de dessiner une étoile dont les cinq branches pointent chacune un endroit qu’il nous appartient d’explorer, cela s’impose encore davantage. La juxtaposition de la gravure et du plan semble alors participer d’une stratégie guerrière où la forteresse de Belfort bâtie sur son rocher à la citadelle retranchée où se rend le Chevalier.

Un département né de la guerre 

Il y a des lieux publiques que l’on garde en mémoire parce qu’ils sont liés à des faits précis, vécus ou racontés. On les connaît par leur nom. Ils ont tous une fonction : hôpital, école, gare, arrêt de bus, poste de police, boulangerie, cinéma, restaurant et commerces variés. Ensuite il y a les lieux privés, domiciles, maisons, appartements. Des lieux faits pour résider, s’abriter, se retrouver soi-même.

Le lieu est lié au temps, à l’espace, à la mémoire, à ce qui a «lieu» d’être retenu. Inversement, ce qui retient pas notre attention est appelé «non-lieu». Or les lieux génèrent, par croisements interposés, des non-lieux.

Toute rencontre non planifiée est une question de circonstances :du latin Circum stare, se tenir (debout) à l’entour. Autrement dit : tout dépend de ce qui se trouve autour.

Passer d’un pentagone à une étoile à cinq branches en prolongeant ses côtés pour le transformer en étoile dont les pointes définissent les lieux, c’est forcer le hasard à se remettre en question.

Partant de ce fait, il a été demandé aux élèves, par groupes de cinq, de répertorier sur le plan de la ville de Belfort, un lieu choisi, lié à leur histoire personnelle. C’est le croisement de ces histoires, au point précis de leur rencontre virtuelle, là où le destin se noue, qu’il s’agira d’explorer en interrogeant, par le biais du hasard, la somme des informations disponibles sur la toile.

Belfort, anciennement Bellum fortum : bellum, la guerre et fortum, le fortin redessiné par Vauban a de quoi nous surprendre ! A l’aide de Googlemap j’ai voulu voir de quoi il retourne.

La premières pointe, marqué d’un L nous conduit, tout droit, rue du Magasin, à…

L.I.E.U.X.